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Nous deux, dans cette chambre, première dispute et premier désaccord et son ton monte. Nous deux, dans sa chambre, les yeux remplis de haine et son corps qui s’impose devant moi. Nous deux, dans sa maison, son poing qui se lève et la douleur s’empare de moi. Nous deux, dans sa rue, seuls au monde et je suis à terre. Nous deux, dans son quartier, son corps qui descend à mon niveau et ses yeux dans les miens. Nous deux, juste nous deux, des excuses et des promesses, ma tension qui redescend et mon souffle qui s’apaise. Nous deux, à cette table, des rires qui fusent et mon cœur palpite toujours. Nous deux, dans ce hall, fiers de ce qu’on est malgré
tout et j’ai déjà été plus heureux.
Moi, j’ai déjà été plus heureux.
Nous deux, dans cette classe, mes pieds qui se crispent comme le reste de mon corps et mes larmes montent. Nous deux, dans ce parc, son regard qui cherche le mien et mon sourire revient doucement. Nous deux, assis sur ce banc, collés l’un à l’autre et le temps ralentit. Nous deux, dans cette bulle, jeune couple d’adolescents et personne ne pourra nous séparer. Nous deux, toujours sur ce banc, ses immenses bras qui me rassurent et toutes les fautes sont oubliées. Nous deux, dans cette chambre, encore une dispute et mon cœur bat. Nous deux, dans ma chambre, son poing qui se relève et ma respiration qui s’arrête. Nous deux, dans ma maison, seuls, mes paupières qui se ferment et je me rappelle de cette émission sur ces femmes violentées. Nous deux, dans ma rue, ses mains sur moi, des secousses et j’ai honte. Nous deux, dans mon quartier, des excuses et des promesses et je n’y crois plus. Nous deux, juste nous deux, il s’en veut et ma tension ne cesse de croître. Nous deux, à cette table, des rires qui fusent et mon cœur a cessé de palpiter. Nous deux, dans ce hall, j’ai honte de ce que je suis.
Moi, j’ai honte de ce que je suis.
Nous deux, dans ce hall, les regards tournés vers nous, pas pour les bleus sur ma joue mais pour notre différence. Nous deux, dans ce couloir du bâtiment A, ce mot qui résonne autour de nous et je préfère les coups physiques. Nous deux, dans cette classe, rejetés et exclus, il ne me reste plus que lui et mes bleus passent inaperçus. Nous deux, dans cette cour, des regards insistants et je suis gay.
Moi, je suis gay.
Nous deux, dans ce coin, sans personne autour et j’entends sa main claquer contre ma joue. Nous deux, dans cette cour, seuls au monde et mes larmes coulent. Nous deux, dans ce lycée, plus d’excuses et de promesses et il ne reste plus que moi. Moi, dans ce coin, mes larmes sont maintenant une tache sur mon pullover et mon cœur tremble. Moi, dans cette cour, tout seul et je me rappelle ces femmes, cette émission, je ne garderai pas le secret. Moi, dans ce lycée, me dirigeant vers le hall et regardant autour de moi. Moi, dans ce hall, je vais être fier de ce que je suis.
Moi, je vais être fier de ce que je suis.
Moi, dans ce couloir, avançant sans me retourner par peur de faire demi-tour et je respire profondément. Moi, devant cette salle, les mains moites et les genoux qui vacillent. Moi, devant cette femme, des demi-lunes sur ma paume et je commence à raconter toute l’histoire. Je m’appelle Samuel, je suis gay, j’ai été battu, harcelé et aujourd’hui j’ai décidé de parler. Moi, j’ai décidé de parler de nous deux et de tous ceux qui m’ont fait douter de qui je suis.
Moi, j’ai décidé de ne plus me taire.